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Colonisateurs et Innus

Michel Jean, vous le savez probablement, est un présentateur de nouvelles bien connu. ¨Par contre, vous ignorez peut-être qu'il est auteur. Sa carrière d'auteur a connu un grand succès lors de la publication d'un de ses romans intitulé Kukum. Cette oeuvre de la littérature a remporté le fameux prix littéraire France-Québec. Ce texte va vous démontrer, avec l'aspect de l'éducation et celui du style d'écriture que l'auteur a utilisé, pourquoi Kukum mérite une place dans notre bibliothèque scolaire.

Tout d'abord, je pense que lire Kukum est une belle façon d'en apprendre sur les Premières Nations. Plus on avance dans notre lecture, plus on devient conscients de la vie des autochtones et ce, via le point de vue d'une Québécoise nommée Almanda. Celle-ci s'est mariée, à l'âge de 16 ans, à un Innu nommé Thomas. Suite à leur mariage catholique, tous deux quittent le village d'Almanda pour aller à Pekuakami. Ce livre m'a fortement captivée, entre autres parce qu'il nous instruit sur les habitudes de vie des Innus. Ceux-ci, étant nomades, chassaient pour se nourrir et on suit Almanda dans son apprentissage de la chasse. Elle décrit les traditions des Innus et leur culture. On apprend, par exemple, leur façon de procéder pour faire le sirop d'érable. Ils l'ont vécu... et nous, comme lecteurs, on est emportés dans ce changement lent, et désastreux, de la manière de vivre des Innus. « Les Innus sont passés de l'autonomie à la dépendance», dit Almanda lorsqu'elle explique les tristes répercussions de la colonisation sur eux. On vit avec elle la douleur qu'elle éprouve lorsque ses petits-enfants sont emmenés dans les pensionnats. Ceux-ci servaient à fournir une éducation «adéquate» aux enfants, selon l'Église.

Une autre raison qui explique la place de choix que devrait avoir ce livre sur les tablettes de notre bibliothèque est le style d'écriture de l'auteur. La manière dont les phrases sont écrites nous fait vivre toute l'émotion avec le personnage. Par exemple, à quelques reprises, il y a des passages où Almanda se retrouve sous la tente avec son mari, après une journée chargée. Elle explique, à ce moment-là, tout l'amour qu'elle éprouve pour Thomas. Cela ajoute de la légèreté et de la douceur dans le récit. Il y aussi la manière dont l'auteur intègre des métaphores, comme celle-ci: «Les agriculteurs s'imaginent que leur terre les protège de la sauvagerie. En réalité, elle en fait ses esclaves.» Cela nous fait réaliser l'ampleur du travail qu'effectuaient les colonisateurs.  Les séquences descriptives nous font nous transporter également dans l'univers d'Almanda. Voici un extrait dans lequel on peut très bien s'imaginer le père de Thomas, Malek: «Malek était un homme de petite taille au visage usé, aux mains noueuses et au regard qui avait gardé la brillance dont Thomas avait hérité.» Une autre façon, encore, que Michel Jean a utilisé pour nous transporter dans l'univers des Innus est l'intégration de mots du langage innu. «Kun» est «neige», «ushashush» est «neige folle» et «kassuauan» est «neige humide».

En conclusion, Kukum est une perle de la littérature. L'éducation complète d'un élève du secondaire devrait inclure la lecture de ce roman. Après tout ce que les colonisateurs ont fait subir aux Innus, la moindre des choses serait d'en apprendre un minimum à propos de l'histoire de ce peuple.

Fléchère (École Georges-Vanier, 2022)

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